Droit devant toi

Deux adolescents que tout oppose : l’un suit ses parents au fil des mutations de son père et ses relations familiales sont difficiles, l’autre est ancré dans la ferme paternelle et très proche des siens. Le premier cherche le bonheur dans l’adversité, le second grandit dans la sérénité. Une amitié puissante et exclusive unit pourtant les deux garçons.
Mais quand de l’affection naît l’emprise, le drame n’est jamais bien loin. Sans savoir exactement où il plante ses racines ni s’il adviendra, la tension monte. Car la manipulation est une arme dangereuse et l’amour, le désir, la jalousie en sont des détonateurs instables.
Sous l’écheveau complexe où les envies se tissent de frustrations, où la volonté de pouvoir le dispute aux fantasmes de dépendance, c’est la démesure qui se dessine. Sans cesse, il faut jouer avec les limites, chercher une victoire qui se dérobe, aller plus loin…
La montée en puissance de cette épopée entraînera le lecteur jusqu’à la fin inattendue et terrible. Lorsque l’explosion emporte tout, elle retourne aussi le roman comme un gant.
L’auteur explore les méandres de l’ivresse amoureuse pour chercher à comprendre pourquoi aimer c’est, peut-être, également détruire.
Une vision noire des jeux de l’amour.
Éditions de la Rémanence – janvier 2017
Presse, blogs, retours lecteurs
Ce roman à l’écriture élégante et riche offre ce qui semble être de prime abord une tendre chronique de la vie de deux adolescents dissemblables, l’un paysan, l’autre bourgeois, dans la France rurale de la fin des années soixante. Toutefois, cette première partie de l’ouvrage n’est que le lieu où vont se tendre les ressorts d’un drame marqué du sceau de la jalousie, du désir et des rivalités masculines.
Les deux enfants devenus hommes vont chercher à cultiver une certaine insouciance alors que la puissance et la violence de leurs pulsions amoureuses vont les conduire à s’opposer de façon sourde, à les isoler de leurs mondes respectifs, tendus vers la réalisation de leurs désirs secrets jusqu’à l’abandon, jusqu’à l’excès, jusqu’aux trahisons finales.
Ce roman sort de l’ordinaire par la qualité de son écriture : nous sommes ici loin des textes hâtivement troussés au présent qui utilisent aussi peu de vocabulaire que possible, loin de ces œuvres qui pour passer pour inspirées se contentent d’un minimum littéraire qui voisine étrangement avec l’indigence. Ici, un style particulier, une richesse et une réelle élégance de la langue, qui cependant ne nuit jamais à la véracité et à la crédibilité du propos, sont mis au service d’une histoire de camaraderie paysanne et de rivalité amoureuse où les femmes mènent la danse aussi bien que le monde.
« Aimer, c’est détruire », précise la quatrième de couverture. C’est aussi construire du neuf avec les débris de l’ancien, dans un recommencement que l’on voudrait perpétuel, à la recherche d’une saveur d’infini, comme celle qui infuse de l’îlot volcanique où se débute et se clôt le roman, et où, comme l’écrit si bien Henri Girard, « les crêtes de l’ile mordent un ciel qui saigne au levant ».
Au final, un beau roman écrit dans une belle langue, qui en filigrane souligne les différentes facettes de la féminité qui façonne le destin des hommes, parfois jusqu’au drame, et qui sait, de plus, surprendre agréablement son lecteur.
C’est avec une très belle écriture que je découvre Henri Girard. Ce roman est fin, à la fois touchant et glaçant. Nous suivons les deux personnages dans leur famille respective, ainsi que leur évolution tout au long des quelques années de leur adolescence. Et puis on sent une certaine noirceur, une certaine odeur de catastrophe mais on ne se doute pas d’où elle va arriver… L’atmosphère devient plus pesante jusqu’à ce qu’enfin on comprenne !
C’est pour des découvertes comme celle-ci que je lis compulsivement, pour retrouver au fil des années de lectrice parfois un peu blasée cette émotion de la rencontre d’un auteur, d’une plume élégante et amusante, et d’une narration touchante, originale et percutante.
Quel livre insolite! Lu en quelques heures, avec le sentiment d’avoir été moi aussi manipulée de belle façon !
Noir et tendre. Attachant et perturbant. Ce roman qui nous donne à suivre la trajectoire de deux adolescents sonne juste, et résonne fort.
Lorsque le jeune adolescent narrateur arrive dans un petit village à la faveur d’une mutation de son père, il commence par s’y ennuyer ferme. Puis, il rencontre Gilles qui deviendra son seul ami. Gilles, qui contrairement à lui, vit assez librement dans une ferme des alentours entre un père, colosse au grand cœur et une belle-mère charmante qui fait de l’effet aux deux garçons. Le narrateur ne supporte pas sa famille : un père peu présent et dur, une mère sans affection. C’est chez Gilles qu’il trouvera ce qu’il n’a pas chez lui. Mais les mutations de son père continuent et bientôt, il doit quitter le village et Gilles.
Autant le premier roman de Henri Girard passé entre mes mains était gai et positif (Les secrets du club des six), autant celui-ci est sombre.
C’est à nouveau une histoire d’adolescents qui grandissent et qui se retrouvent vite confrontés aux changements de leurs corps, de leurs activités, au désir sexuel et à l’amour. C’est Marie-Fleur, la belle-mère de Gilles qui sera la première, à son insu, à être l’objet de leur désir. Il faut dire qu’elle est belle Marie-Fleur, qu’elle est proche des garçons, très amoureuse de son mari et que Gilles est assez malin et bricoleur pour pouvoir l’observer -et partager ses observations avec son copain- en toute sécurité. Tout paraît beau et simple, bucolique voire coquin, mais le grain de sable bientôt viendra gripper cette belle mécanique.
Habilement, Henri Girard décrit les relations entre les deux garçons, cette amitié puissante et exclusive. Il parle bien également de la sérénité au sein de la famille de Gilles et des relations conflictuelles dans l’autre maison. Tout au long de son roman, il nous balade, on ne sait jamais lequel des deux garçons s’en sortira le mieux, lequel vivra au mieux sa vie d’adulte. Lequel manipule l’autre ? Et les filles là-dedans, comment s’en sortent-elles ? Sont-elles, elles aussi manipulatrices ? Marie-Fleur, mais aussi Martine la cousine du narrateur, sa première expérience amoureuse et sexuelle, une jeune femme libre. Car l’on sent bien que quelque chose se trame et que la belle entente risque de se fissurer.
Au fil des pages, on ne sait plus trop quoi penser de tel ou tel, et c’est donc un peu contraint mais ravi que l’on cède à la superbe écriture de l’auteur, à sa manière de nous promener et de nous raconter ces vies. Car, Henri Girard fait montre d’un talent littéraire évident : une langue riche, châtiée, d’une élégance rare et plus qu’agréable. J’aime son style classique émaillé de mots parfois peu usités ; j’aime aussi sa manière de raconter en peu de mots, par exemple cet extrait de son prologue où l’un des ados devenu adulte s’exprime :
« Au dispensaire où je fus soigné d’un vilain tétanos dû à l’usage de lames de rasoir pas trop propres, l’infirmier qui me changeait mes pansements aux poignets me prit en sympathie. » (p.11)
Élégance, concision, je vous avais prévenus. Auteur et éditrice à découvrir absolument. L’été est propice aux lectures…
Deux ados de treize ans se rencontrent sur les bancs de l’école. Tout les oppose. Le premier suit ses parents au fil des mutations de son père et les relations familiales sont difficiles.
Le second, Gilles, est ancré dans son village et dans la ferme de son père et de sa belle-mère dans une famille très soudée.
Pourtant une amitié puissante les unit rapidement.
Mais les deux ados doivent se séparer et deviennent des hommes loin l’un de l’autre suivant un destin pas toujours maitrisé.
Dans la seconde partie, ils se retrouvent avec bonheur mais entrent dans le jeu fatal de la séduction. Deux pions sur un échiquier, chacun pensant être la pièce maîtresse.
Lors de liaisons dangereuses, qui manipule qui ? Les jeux de l’amour sont rarement innocents et désir, séduction et jalousie ne peuvent conduire qu’au drame. Plus lent est le jeu, plus explosive sera l’issue…
La montée en puissance de cette épopée vous entraînera dans une lecture au rythme croissant jusqu’à la fin inattendue et terrible. Une belle écriture au service d’une vision noire des jeux de l’amour.
Ce livre est ce qu’on appelle en anglais un page-turner, avec l’art de semer par-ci par-là de petites phrases qui font qu’on sent qu’il va se passer quelque chose et qu’on s’accroche jusqu’à ce que cela arrive.
Même en sentant qu’il va se passer quelque chose, on est loin d’imaginer cette fin « bluffante » qui a été concoctée ! Si on se dit avoir deviné la fin parce qu’on a vu la relation du papa d’Harold avec Marie-Fleur arriver, hé bien, on se fourre « le doigt dans l’œil » jusqu’au coude ! J’ai été scotchée. Une fois le livre terminé, j’ai relu le prologue et l’épilogue, et certaines parties, comme si je n’en avais pas assez.
Un style riche, soutenu, des phrases concises, minimales et percutantes.
Franchement, je tire mon chapeau devant un vrai écrivain, un grand écrivain.
Je viens de terminer la lecture de Droit devant toi, j’en reste pantelante.
Quelle chute ! Pourtant annoncée, mais si discrètement…Le drame est d’autant plus machiavélique, que jusqu’au bout il ressemble à tout sauf à un drame. Quoique… Le détail qui m’a « tuer », c’est le prénom, Harold, donné à la fin. La grande solitude ou comment on fabrique un psychopathe… je suis achevée !
Droit devant toi est une merveille.
Un rien du Grand Meaulnes par les deux personnages principaux, deux adolescents qui font le difficile apprentissage de l’amour ; le trait tellement juste que j’y ai reconnu des épisodes de ma propre adolescence ; des intrigues amoureuses qui s’imbriquent, souvent joyeusement, parfois douloureusement, et un dénouement qui claque dans les toutes dernières pages comme une voile au vent. Bref, je le redis, une merveille.
J’ai adoré votre livre. Je sais, le terme adorer est un peu fade et peu recherché mais c’est le seul qui me vienne à l’esprit. Vous m’avez transportée dans votre roman et je n’ai pu m’en séparer qu’une fois fini. Je ne saurais pas expliquer pourquoi ni comment j’ai plongé dans votre roman comme on peut plonger dans un rêve où encore comme on peut tomber amoureux. J’ai grandi avec vos personnages, parfois tendres, parfois cruels mais tellement troublants et attachants. Et j’ai surtout trouvé magique la façon dont vous jouez des mots, leur justesse et l’habilité avec laquelle vous les utilisez.
C’est un livre qui me laisse un goût et un souvenir.
Il me rappelle tout ce que nous sommes tous un peu, ou avons été ; l’impérialisme destructeur et sans retour de la sexualité du jeune individu, la lâcheté des rapports d’amitié à cet âge-là et à d’autres aussi, leur égocentrisme surtout lorsque le sexe est souverain, les remords qui nous poursuivent au-delà des ans, etc. Un texte où chacun contemple sa propre noirceur.
Je ne me risquerai pas à une critique littéraire. Je ne suis vraiment pas spécialiste et je sais ce que c’est que de faire une « critique » pour le théâtre. Je m’y emploie suffisamment ! J’ai juste trouvé beaucoup beaucoup de plaisir (j’ai tout lu d’une traite !) le suspense réel, l’émotion et aussi, peut-être encore plus, le style. Un vocabulaire d’une grande richesse et des formules… que j’aime.
Dans Droit devant toi le ton est dans l’ensemble plutôt sombre, sérieux. On bascule dans le roman psychologique et dramatique.
Sans vouloir trop en dire, tout commence si bien ! La rencontre et l’amitié entre deux adolescents que tout oppose, les premiers émois amoureux, entre autres, partagés…
Malgré tout, on a très vite la sensation que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire et la possibilité d’un drame, que l’on pressent parce qu’il est amené subtilement tout au long du livre avant d’éclater (de manière complètement inattendue d’ailleurs), laisse le lecteur dans un climat particulier, limite inquiétant par moments et c’est ça qui est bon !
Forcément, on est happé par cette intrigue étalée sur fond de manipulation mentale sournoise et servie par une écriture de haute qualité, comme toujours.
Il n’y a pas que du drame dans ce roman, on retrouve aussi des passages qui oscillent entre poésie et sensualité.
Pour avoir fait le tour de son univers, je trouve que cet auteur excelle dans tous ses écrits et de façons variées. Je terminerai donc ma critique par un souhait. J’aimerais lire prochainement quelque part : « Le Girard nouveau est arrivé ! »
Je l’attends car ce sera, à n’en pas douter, un très bon cru !
Un roman, ça faisait (trop) longtemps. Les mots sont comme une dentelle de pudeur, sans trop de pages ni de lourdeur, et ça va droit au cœur comme une flèche indienne… cruelle, mais si belle.
Une histoire simple et compliquée, comme la vie, la mort, l’amour, le sexe, les sentiments, … la nostalgie du temps qui passe. Merci de m’avoir offert cette petite perle Henri Girard, je l’ajoute à mon collier. Celui du cœur.
Je termine à l’instant Droit devant toi sous le choc.
Ce livre, dont l’intrigue se déroule en 1989, est intemporel dans ce qu’il décrit. C’est une très « belle » histoire qui nous est là contée. Dans les trois premiers quarts, j’ai apprécié le talent de l’auteur : une langue riche et exquise, un art de camper les personnages, des images inattendues, toujours appropriées, de fines analyses psychologiques… Je regardais ça avec admiration, comme l’on regarde de l’extérieur une beauté un peu froide. Puis le dernier quart m’a emporté : je ne voyais plus d’effets de langue ou de style, mais seule la vie qui palpitait, brute et forte. C’est très beau.
Comme c’est également bien vu, cette description du cynisme ignoble de H. (j’avais remarqué que, dans presque tout le livre, il n’avait pas de prénom) sous l’impulsion de la passion, devant laquelle rien ne tient. Je recommande cette lecture.
Aborder l’adolescence, alors que vous devez déménager sans discontinuer en raison de l’ambition de votre père, c’est probablement une excellente raison pour fréquenter la solitude. Pas facile de trouver refuge ou confidence auprès d’une mère soumise à l’autorité de son mari, car probablement par démission ou facilité ce qui revient au même, elle ne prête attention qu’aux images destinées aux regards éteints de ceux qui lui ressemblent. Le décor est mis en place, j’avoue m’y être plongé au point d’en oublier mon environnement.
Rien ne semblait briser la monotonie d’une vie programmée par un père autoritaire et c’est avec talent que l’auteur nous offrira une histoire des plus intéressantes. Favorisée par ce nomadisme forcé, une amitié profonde va naître entre deux ados que rien ne prédisposait à se rencontrer.
Est-ce l’attrait des opposés qui s’attirent ou la découverte d’une forme d’exotisme rural ? Peu importe, un gamin découvre qu’une autre vie existe et il l’approche comme s’il venait de renaître au cœur d’un nouveau monde.
Le narrateur découvre une famille aimante et ce qu’il n’a jamais approché jusqu’à ce jour, va le faire chavirer dans ce que j’ose appeler un chemin initiatique. Ce n’est jamais facile de découvrir le bonheur, car s’il s’offre à vous, encore faut-il pouvoir l’apprivoiser. Ce n’est jamais simple de briser sa solitude et l’égoïsme qui vous colle à la peau. L’amitié donc, mais également les premiers désirs et comme vous le pressentez probablement, la jalousie n’est jamais loin du verbe aimer. Ainsi, avec une habileté remarquable, l’auteur assemble tous les éléments pour que le lecteur soit témoin d’une aventure astucieusement construite autour d’une équipée peu commune. D’un côté, un père ambitieux et maladroit dans son éducation et de l’autre, un homme qui offre sourires et simplicité de vie.
J’ai aimé chaque personnage pour les « gueules » qui semblent dessinées en finesse littéraire. J’ai adoré le cheminement de l’histoire, j’ai tremblé devant les manipulations subtilement abordées par l’auteur. Je ne vous cacherai pas non plus que l’érotisme que l’on devine, plus qu’il ne s’étale, a séduit mon imagination.
Henri Girard, originaire de l’Orne, est conseiller littéraire et milite pour la défense de la langue française, j’avoue que j’ignorais ce détail. Avant de fermer le livre, alors que la dernière phrase m’obligeait à revenir à la réalité, j’ai osé l’analogie en puisant dans les souvenirs que j’ai gardés de ces chefs d’œuvres qui nous ont fait vibrer : L’été meurtrier, Le Cercle des poètes disparus.
Droit devant toi est un roman qui restera dans ma bibliothèque. C’est un livre que j’irai chercher de temps en temps, comme ça, juste pour le plaisir ou pour le conseiller si l’opportunité venait à se présenter.
Belle histoire, facile à lire, un objet qui me fait dire que la littérature est loin de l’essoufflement et, c’est du bonheur !